De retour à Marrakech du 9 au 12 février, la foire d’art contemporain 1-54, fondée par Touria El Glaoui, investit plusieurs lieux culturels de la ville et l’hôtel de La Mamounia pour mettre en lumière une scène artistique africaine en plein bouillonnement.
Il y a des retours qui se font dans la douleur. Et d’autres qui s’accompagnent d’une joie incommensurable. Touria El Glaoui ne s’en cache pas. Après trois années de report en raison de la pandémie du Covid19, c’est avec une grande émotion qu’elle se prépare à voir revenir la foire 1-54 à Marrakech, la ville de son père. “Sur le plan personnel, je suis particulièrement sensible à cette nouvelle. Cela va bien plus loin que la dimension commerciale de l’événement. Déjà, parce qu’une partie de ma famille vient d’ici, et ça me fait un bien fou de savoir que je vais passer du temps à Marrakech. Puis, c’est un plaisir de pouvoir participer au développement des scènes artistiques, ici même, au Maroc, dans l’une des villes les plus énergiques qui soit en matière de création sur le continent africain.”
Cette foire qu’elle a fondée en 2013 et qui offre aujourd’hui l’une des plus belles vitrines à l’art contemporain africain et sa diaspora, se décline tous les ans, en trois éditions : l’une se tient à Londres, où elle vit désormais, la seconde à New-York et enfin, la dernière, à Marrakech, où 1-54 célèbrera donc sa 4e édition du 9 au 12 février 2023.
Comme les précédentes, cette nouvelle mouture aura comme cadre la somptueuse salle des bals de La Mamounia, l’un des hôtels les plus chics de la planète. Les professionnels du métier, les collectionneurs surtout, que l’on compte par milliers, venus des quatre coins du monde, pourront y acquérir les sélections d’œuvres (peintures, sculptures, techniques mixtes, etc.) de 21 grandes galeries d’art parmi lesquelles, celles, célèbres, de Cécile Fakhouri, Nathalie Obadia et Templon, basées à Paris.
D’autres institutions du genre, exposant à Sao Paulo, Lisbonne, Berlin, Londres, Miami ou encore Johannesburg, satisfaites par les ventes de la dernière édition – certaines ayant même réussi des sold-out – seront également de la fête, aux côtés de trois autres exposants marocains : La Galerie 38, L’Atelier 21 et la Loft Art Gallery. Si tout le monde n’aura pas la chance de s’immiscer à l’intérieur de ce hub éphémère de l’art contemporain africain, où les tractations iront bon train, le grand public ne sera pas en reste avec un programme qui lui est dédié, comme le rappelle Touria El Glaoui : “En parallèle, nous avons greffé à la foire une série de conférences et d’événements en partenariat avec les institutions et les plateformes culturelles locales.
Ils seront accessibles à tous et permettront à ceux qui le souhaitent de rencontrer des artistes, de découvrir leurs studios, leurs manières de travailler.” Ces rendez-vous auront lieu en divers endroits de la ville, au MACAAL notamment, avec un cocktail inédit présenté par l’artiste Joël Andrianomearisoa, à la boutique Jajjah, en partenariat avec l’artiste Hassan Hajjaj, mais aussi dans la résidence artistique Al Maqam, où se dérouleront des visites guidées des studios de Fatiha Zemmouri, Yamou et Mbarek Bouchichi. Sans tout détailler, sachez que le nouveau musée des arts et de la parure (MAP), lové au cœur de la Kasbah, sera également partenaire, de même que l’Institut français de Marrakech, le Jardin Majorelle ou encore la nouvelle galerie Malhoun 2.0, ouverte récemment à Guéliz.
Grande spécialiste des marchés, Touria El Glaoui voit à travers toutes ces belles collaborations” une réelle opportunité de faire exister à l’international ce continent dont l’ébullition artistique suscite désormais bien plus que la simple curiosité des collectionneurs. « L’Afrique est encore sousreprésentée mais les choses changent”, dit-elle d’ailleurs, avant de laisser poindre un autre combat, que la foire 1-54 entend mener, avec l’énergie qu’on lui connaît. “Dans le milieu de l’art, il a toujours existé une frontière invisible entre ce qui se fait en Afrique du Nord et tout ce qui se fait dans le reste de l’Afrique, à l’ouest, au sud et à l’est. C’est quelque chose qui perdure encore chez pas mal de collectionneurs, de galeristes et curateurs. Cela doit cesser et la foire 1-54 est là, aussi, pour rééquilibrer les forces. Les artistes du Maghreb font partie de ce seul et même continent et ne peuvent pas en être exclus.”
J.B.