Président de la Fondation nationale des musées, Medhi Qotbi nous a accordé une interview exceptionnelle. L’occasion de parler de l’expansion des structures culturelles dans le pays, à l’image du nouveau musée qui doit ouvrir ses portes dans les prochains mois sur la place Jemaa el Fna.

La Tribune de Marrakech : Il y a quelques semaines, vous avez annoncé l’ouverture d’un musée national au coeur de Marrakech. Pourquoi un tel choix et où en est le projet ?

Mehdi Qotbi : « En effet, le projet de création d’un musée dédié au patrimoine immatériel, dans la médina, au coeur de la place Jemaa el Fna, prend forme. Le choix de la ville ocre s’inscrit dans la convention de partenariat pour l’organisation de la manifestation «Ma r r a k e c h 2020 – capitale africaine de la culture», ce qui renforcera son rayonnement à l’échelle internationale. Ce nouveau musée devrait ouvrir ses portes au public dans les mois à v e n i r. Plus généralement , ce musée se veut comme unprojet sociétal qui permettra également de consolider l’attractivité de la cité ocre et de contribuer à attirer un plus grand nombre de visiteurs pour découvrir les atouts dont regorge la cité sur les plans artistique et culturel. Grâce au formidable élan que donne Sa Majesté le Roi Mohamed VI au développement artistique et culturel marocain, le pays est en train de vivre un renouveau culturel unique au monde. »

 

TDM : Que trouvera-t-on dans ce musée exactement ? Comment va-t-il être doté ?

M.Q. : « Sous le nom de «Musée National du Patrimoine Immatériel de Jemaa el Fna», ce dernier mettra en évidence les spécificités de Marrakech à travers les transformations sociétales et culturelles qu’a connues et connaîtra toujours l’emblématique place Jemaa el Fna, dont je rappelle qu’elle a été proclamée par l’UNESCO patrimoine mondial en 1985 et patrimoine culturel et immatériel en 2001. La Fondation Nationale des Musées veillera à l’équipement du musée, à la gestion et à l’animation de son espace, tout en oeuvrant à l’enrichissement et à la valorisation du patrimoine immatériel . »

 

TDM : Quels sont les donateurs connus à ce jour et les partenaires de la Fondation pour ce futur musée ?

M.Q. : « Pour mener à bien ce projet ambitieux qui prendra place dans l’ancien édifice de Bank Al- Maghrib, nous avons multiplié les rendez-vous avec les principaux acteurs de la ville, notamment le maire de Marrakech, Mohamed Larbi Belcaid, le wali Karim Kassi-Lahlou et le président de la région, Ahmed Akhchichine. Ce projet a été également appuyé par l’aide de M. Moulay Hafid Elalamy en sa qualité de mécène et passionné de l’art. Je tiens donc à remercier sincèrement tous les collaborateurs qui ont contribué à la naissance de cette nouvelle structure muséale, ainsi que les partenaires officiels de la Fondation Nationale des Musées (FNM) qui apportent continuellement leur soutien dans la réalisation de tous les projets. »

 

TDM : À l’échelle du Maroc, comment se portent les musées nationaux en termes de fréquentation ? Quels sont les autres projets de la Fondation, outre la création de ce nouveau musée à Marrakech ?

M.Q. : « L’un des principaux enjeux de la Fondation est de démocratiser l’accès à la culture et d’intéresser tous les citoyens, en particulier la jeune génération, à leur patrimoine et leur histoire. Marrakech n’est pas la seule ville à se doter de nouvelles structures culturelles. Ainsi, Tétouan sera dotée de deux musées et Meknès verra l’ouverture du musée Borj Belkari et Dar El Jamai qui seront dédiés à la musique. Au mois de décembre, Borj El Kebir (Fort Rottembourg), qui se situe à Rabat, renaîtra de ses cendres pour devenir le musée national de la photographie. En 2020, le MMVI présentera pour la première fois Delacroix au public marocain. Sans oublier les travaux de restauration que la Fondation Nationale des Musées a entrepris au musée Al Batha des arts de l’islam à Fès ainsi que la construction d’un musée dédié à la culture juive. Avec l’expansion et les multiples créations des espaces culturels dédiés à l’art et au patrimoine, il n’y a donc rien d’étonnant si les Marocains répondent de plus en plus présents aux diverses manifestations organisées. Je cite en exemple la première édition de la Biennale qui, depuis son lancement en septembre, n’a cessé d’attirer, avec plus de 100.000 visiteurs atteints en l’espace de deux mois seulement. Je suis fier de tous les succès que la FNM a pu réaliser depuis sa création. »