Peindre est aussi vital que respirer pour JonOne. Il vit pour la peinture et son existence est littéralement incarnée dans chacune de ses toiles. Fidèle à ses ateliers à Jardin Rouge, ce microcosme artistique, comme parallèle au tourbillon moderne, c’est une échappatoire que nous propose l’artiste new-yorkais.
S
es toiles capturent des fragments de murs, les traces d’une culture Hip-Hop qui l’a bercée et dont une certaine manière de vivre est devenue sienne. Des œuvres titanesques, tels des immeubles aux multiples étages, l’identité de JonOne est scandée comme écho à une explosion des normes. Jardin Rouge incarne l’espace des souvenirs, il y retranscrit la radicalité de ses combats, de ses vérités mais surtout une empreinte dans le temps. Cette volonté propre à JonOne, celle de déplacer son nom des métros new-yorkais aux grandes toiles, est une rencontre avec la culture de la rue, de son expression qu’il nous propose. Articulation d’une ville imaginaire témoignant d’une génération dont l’appréhension d’un futur chaotique résonne toujours, des combats hors temps. L’abstrait incarne l’unique moyen expressif cohérent face à une vie déniée de sens.
Pensé comme un pan de murs, notre regard ne sait où se poser, happé par le désordre apparent de la lettre, de sa répétition face à la trace d’un récit, de son récit. Une œuvre infinie dont nous cherchons le sens de lecture. Les toiles côtoient des totems aux interprétations bicéphales, les sculptures amérindiennes et simultanément grands immeubles incarnant notre modernité. L’installation des huit totems nous permet de passer derrière la toile, d’appréhender l’œuvre en trois dimensions, comme un TOUT.
L’immersion est totale, on ne peut que suivre le mouvement du pinceau.JonOne nous montre une modernité déconstruite, un futur chaotique, mais où se fait entendre une génération qui a pris le pouvoir par elle même, les structures de leur enferment pour crier leurs revendications. La Fondation Montresso* révèle un cheminement pictural de JonOne en perpétuelle mutation, sans jamais nous lasser de cette répétition calligraphique.