Avant de comprendre l’organisation en apparence labyrinthique de la médina, il faut en définir l’unité de base, à savoir les derbs. Ces ruelles en cul de sac distribuent un nombre plus ou moins important de maisons (ou dars), et qui, regroupées autour d’une ou deux rues principales, forment le quartier. Ces rues abritent en général tous les équipements communautaires et sanitaires qui assurent au quartier son autonomie : mosquée, fontaine, latrines, hammam, four collectif, école coranique et souika (sorte de mini souk). À l’origine, chaque quartier, comme certains derbs principaux, était fermé la nuit par des portes, tel un îlot isolé du reste de la ville. Vue du ciel, la médina marrakchie, sorte de gros quadrilatère, ressemble à un enchevêtrement de petits carrés sans ordre précis… En apparence seulement, car, à l’instar des autres grandes capitales du Maroc, et dans l’architecture islamique en général, règnent ordre et géométrie dans les espaces clos, la mosquée, le fondouk et les maisons. C’est leur juxtaposition qui forme un désordre apparent, donnant à Marrakech ses 2 visages, ainis formulé par Quentin Wilbaux* : “Il y a 2 Marrakech ; la ville idéale qu’avait rêvé son Prince, avec sa géométrie secrète orientée, et la ville foisonnante qui l’a recouverte.”
*In “La Médina de Marrakech, formation des espaces urbains d’une ancienne capitale du Maroc”, l’Harmattan, 2001.