Au Maroc, la diversité des textiles est tellement exceptionnelle qu’on dit qu’elle n’a pas d’autre équivalent dans le monde méditerranéen. Cette richesse, on la doit essentiellement aux populations berbères et tribales qui ont développé au fil des siècles des identités stylistiques extrêmement fortes témoignant souvent d’influences surprenantes (berbères, arabes, juives, andalouses, africaines, méditerranéennes, etc.) que l’on ne soupçonne pas. Du moins, ça, c’était avant que ne s’ouvre le Musée de l’histoire tissée dont on ne saurait trop vous conseiller d’aller le visiter.

 

 

Ouvert au public depuis peu le long de la route de l’Ourika, à 34 kilomètres de Marrakech, ce lieu a le mérite d’être le premier musée privé du Maroc spécialisé dans les tapis et les kilims. On doit son existence à un certain Jouti Boujemaa, qui s’est bâti une collection inouïe au fil de sa carrière d’exportateur de tapis. Des chefs-d’oeuvre le plus souvent inédits et glanés au gré des rencontres, aux quatre coins du royaume, du désert à la plaine, des montagnes aux villes côtières. En tout, ce sont 150 pièces qui sont exposées dans les différentes salles du musée, parmi lesquelles figurent des trésors datant du XVIIIe siècle, mais aussi de belles surprises plus récentes, à l’instar des modèles Boujad, tapis aux couleurs éclatantes, ou encore ceux en laine de mouton naturelle d’Azilal.

 

Chaque exemplaire est accompagné d’un petit historique et c’est ainsi que l’on apprend, par exemple, que les tapis de Zemmour (Moyen-Atlas), superbes au demeurant, se composent de symboles en «x» qui rappellent la posture de l’accouchement berbère, les genoux au sol et les bras en l’air, accrochés à une corde solide. On grimpe ainsi dans les étages de ce musée «ultra-clean» sans se presser, tel un voyage dans le temps et les contrées du pays, où se côtoient des tapis mais aussi des couvertures de tente, des coussins, des colliers et quelques objets ingénieux pour la filature et la teinture.

 

Au terme de la visite, il est fortement conseillé de siroter un thé à la menthe sur l’une des deux terrasses, tant la vue sur la beauté des montagnes environnantes y est scandaleuse. Bien réchauffé(e), vous aurez alors l’opportunité d’assister à une démonstration de nouage et de tissage dans la plus pure tradition berbère. Et même mieux : si vous le lui demandez, l’ouvrière vous laissera certainement les «clés» du métier à tisser vertical, vous permettant ainsi d’apporter votre signature à la création collective du moment.

 

 

Route de l’Ourika, km 34
Ouvert tous les jours, sauf le mardi. De 9h À 17h.
Tel : 06 59 83 61 61
www.wovenhistory.ma