Quand l’association TURATH du patrimoine Marrakech passe à l’action

Nous avons rencontré l’architecte et écrivaine Soad Belkeziz, présidente de Turath (pour la valorisation du patrimoine de Marrakech et sa région) : une association qu’elle a co-fondée, en 2022, avec l’artiste à l’expression a Faten Safieddine et le directeur de la maison de la photographie, Patrick Manac’h. Soad Belkeziz revient avec nous sur son engagement en faveur de la patrimonialisation de la ville au travers de cette association et de la seconde édition des journées du patrimoine de Marrakech qui s’est déroulé du 23 au 26 mai 2024 dernier et dans cette dernière est à l’initiative.

 

 

Consciente, explique-t-elle « du rôle crucial de la culture patrimoniale dans le développement d’une nation et de la construction de son avenir en préservant des valeurs culturelles du passé », Soad Belkeziz s’est donné les moyens de ses ambitions qu’elle a choisi d’ériger, in- dividuellement et collective- ment, en véritable sacerdoce. Tout d’abord, de par sa for- mation de géographe, archi- tecte-urbaniste de l’école des beaux -arts de Paris et de la Sorbonne naturellement nourrie par son profond atta- chement pour les richesses de sa ville. Et, également bien sûr, sa longue expé- rience en la matière.

 

 

Le fruit de ses participations et réalisations de projets tant locaux que nationaux : « comme en 2001, indique Soad Belkeziz, dans le cadre du premier plan de sauvegarde de la médina. Ou en réhabilitant, en 2002, conjointement avec les femmes du quartier de la place des épices, l’ancien souk des esclaves. Sans ou- blier le Mellah, cette fois, dans le cadre du programme « Marrakech, Cité du Renouveau Permanent ». Et puis, plus récemment, poursuit cette dernière « la coupole de Zevaco de Casablanca ou encore la restauration de la médina de Taroudant, la maman de Marrakech , l’une des plus anciennes villes ma- rocaines dont la morphologie, précise-t-elle, a très certai- nement inspiré les almora- vides dans la construction de Marrakech ». Parallèlement, d’expériences en soft skills, la découverte de l’écriture et de son rôle dans le témoi- gnage et la transmission. « Une révélation lors de la ré- daction de ses réponses à des appels d’offres » ajoute Soad Belkeziz.

 

 

Après plu- sieurs ouvrages notamment sur les thèmes de l’eau, de la cartographie de Marrakech, des palais et forte- resses d’Al-Mansur Ed-Dahbi conjointement écrit avec son père, bientôt Guéliz, « très certainement en septembre confie-t-elle, et déjà, en préparation, un nouvel ouvrage à propos de la transhumance dans l’Oukaimedem, pour elle un verticale centre patrimonial complètement ignoré qu’il faut impérativement sauvegarder. Des actions, no- tables, certes, mais pas suf- fisantes, en tout cas » pour Soad Belkeziz qui choisit alors, face à l’urgence de la situation de s’engager totale- ment en fondant l’association Turath, pour la valorisation du patrimoine de Marrakech et sa région. Toujours selon Soad Belkeziz « la force de cette association réside dans sa volonté de co-construire et mettre en oeuvre une démarche efficace, positive et innovante tant de manière inter que multi- disciplinaire autour de valeurs communes « comme la connaissance du patrimoine, sa préservation et sa valorisation ».Ainsi, sur le thème de Marrakech, patrimoine en mouvement, nous venons d’organiser la journée du patrimoine. Au pro- gramme, sous l’égide du mi- nistère de la jeunesse, de la Culture et de la Communica- tion, l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) et la commune de Marrakech, des visites gui- dées interactives, immersives dans la médina, des cours de cuisine en collaboration avec M Avenue et le CNMH (Centre Nationale Mohamed VI des Handicapés), des ex- positions et des parcours notamment sensoriels, une initiative particulièrement in- ventive. Et tout était gratuit, bien sûr », ponctue-t-elle.

 

 

Au delà, conclut Soad Belkeziz « une démarche véritablement citoyenne pour une vision patrimoniale au sens le plus large allant bien au-delà des joyaux communément admis et, maintenant, à recenser pour, après La place Jemaâ El fna et la médina, à l’image de Rabat, inscrire toute la ville au patrimoine mondiale de l’Unesco … »

 

S.P.