MAHI BINEBINE vient de paraître

L’Artiste marocain rayonne l’éclat du Royaume à travers sa peinture et ses sculptures, exposées de par le monde, et ses romans se dévorent dans plus de 15 langues. La Tribune s’est entretenue avec lui à l’occasion de la sortie de son dernier livre.

Mahi Binebine, l’un des plus grands Artistes marocains, n’est plus à présenter. Mais il est également l’un des rares Artistes à avoir un talent autant protéiforme. Sculpteur, peintre et écrivain, il vient de publier son nouveau roman aux Editions Stock France et Le Fennec Maroc, où il nous entraine dans son Maroc qu’il aime tant. Cet ouvrage est né de l’idée d’un éditeur américain ayant lancé la collection « Les Villes Noires ». Désirant en faire une édition sur Marrakech, il demande donc tout naturellement à Mahi Binebine de raconter sa ville dans une nouvelle déployant un petit polar d’une quinzaine de pages. Une fois achevée, il était malheureux, « je ne suis pas nouvelliste », et il lui a fallu s’étendre, développer, et étoffer, tant il avait à raconter. Il nous conte ainsi le récit de son enfance, sa ville et la Place Jamma El Fna, lui, l’enfant de la Médina de Marrakech. « Quand j’étais petit, j’étudiais dans l’école religieuse, chez les bonnes sœurs. C ‘était strict, c’était sévère, mais c’était aimant. J’en garde de bons souvenirs. Sœur Odette et Soeur Bénédicte, c’était des femmes lumineuses, magnifiques. Je passais la semaine là-bas, et on m’apprenait à parler doucement, à avoir une raie au milieu, les cheveux peignés, à avoir un tablier tout le temps, un short et des sandales ; et dès que je rentrais chez moi, à Riad Zitoun Lkdim, c’était l’inverse : les gens riaient fort, c’était le chaos, la poussière, le football et j’aimais ces deux parties de mon enfance. Et dans ce livre, je décris un peu cela, avec humour sans doute, mais vraiment, ce sont deux parties de moi-même, ces deux côtés que j’aime particulièrement », nous raconte t-il avec son rire si communicatif. Dans le livre, Kamal « est un double personnage. C’est deux personnes qui cohabitent dans le corps d’un seul individu, et ces deux personnages ne sont d’accord sur rien, l’un est attiré par une chose et l’autre par son opposée. C’est un texte qui nous renvoie à notre propre dualité intérieure, c’est un jeu de miroirs entre deux individus qui habitent une même peau. » La dualité, un thème très binebinien, que l’on retrouve aussi dans sa peinture et ses sculptures.

Il y a chez l’écrivain la recherche de ce qu’il y a de plus profond et d’existentiel chez l’être humain. Et il y a ce peuple. Ce peuple marocain et sa jeunesse qu’il aime tant et pour laquelle il a ouvert, avec le cinéaste Nabil Ayouch, des centres culturels dénommés Les Etoiles, où la culture rencontre la jeunesse et la créativité, « pour que ces gamins des rues puissent rêver». Dans chaque centre, il y a un cinéma, une salle de musique, de danse, un studio d’enregistrement, une médiathèque et bien encore. Il y en a déjà 5 au Maroc, qui accueille chacun 1000 jeunes et 17 autres à venir grâce au soutien du nouveau Ministre de la Culture. Le dernier-né, à Marrakech, s’étend sur 1000 m2 sur la Place Jamma El Fna. « Avant, l’insulte pour les gosses, c’était : c’est un enfant de Jama El Fna,. Maintenant, on a voulu dire que ces enfants, ce sont des Etoiles, ils viennent rêver chez nous.»

N.P.

 

Mon Frère Fantôme
Editions Stock France
et Le Fennec Maroc