Inspiré et inspirant, Imaad Rahmouni est une figure de proue de sa génération d’architectes. Natif de Marnia (Algérie) et marrakchi de cœur, il a esquissé nombre de bars branchés à Paris ou à Londres, aménagé des tours à Tokyo et Bangkok et érigé des hôtels prestigieux à travers le monde. Imaad Rahmouni s’est confié à La Tribune de Marrakech sur son parcours, ses réalisations, sa conception de l’architecture et sur ses projets en cours.
Le Corbusier considérait l’architecture comme une tournure d’esprit et non pas un métier. Pour Imaad Rahmouni, cet art de concevoir s’élève au rang de passion : “Je suis arrivé dans l’architecture par hasard. Ce n’était pas une vocation chez moi au départ, j’ai tout simplement suivi le conseil intuitif de ma mère qui voyait en moi un bon architecte. J’ai pris à cœur cet univers pour lequel je me suis passionné ; la notion des horaires n’est pas compatible avec notre activité créative”.
De la ville blanche, à la ville lumière
Après avoir obtenu son diplôme à l’École Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger, Imaad n’avait qu’un objectif en ligne de mire : suivre l’enseignement de l’architecte franco-péruvien Henri Ciriani, l’un des plus grands théoriciens de l’architecture moderne à qui l’on doit le musée archéologique d’Arles et le musée de la première Guerre mondiale à Péronne. Fraîchement diplômé, il saute dans le grand bain en intégrant quelques agences parisiennes, avant d’inaugurer la sienne en 1999. Baptisé “La Maison Blanche”, l’agence fut spécialisée en décoration dans un premier temps et offrit à l’architecte une grande visibilité et une trentaine de projets de bars, restaurants et de clubs à travers le monde. Le succès est au rendez-vous certes, mais Imaad n’est pas le genre à se reposer sur ses lauriers : “Un jour, je me suis réveillé en me disant que ce n’est pas forcément ce que je voulais faire, ou ne faire que ça, je ne voulais pas être cantonné à un genre. J’ai fait en sorte de sortir de cette case, malgré les risques et la difficulté d’une telle décision”.
Marrakech un jour, Marrakech toujours
A l’affût de nouvelles aventures, Imaad s’envolera pour Marrakech pour une mission temporaire, qui se transformera en un séjour à durée indéterminé puisque l’architecte, tombé amoureux de la ville ocre, décide de s’y installer avec sa famille en 2004. Un nouveau chapitre s’ouvre, une nouvelle agence marrakchie aussi, qui compte aujourd’hui une équipe de trente personnes. Imaad se voit ainsi confier des projets éclectiques, dont celui de la maison d’un couple d’amis nommée “L’île Blanche”, une propriété d’exception que l’on voit dans le film «Spectre» de la saga “James Bond”, le Palais Namaskar ou encore la majorité des établissements des frères emblématiques Pourcel.
Questionné sur sa définition de l’architecture, Imaad Rahmouni nous livre une vision altruiste : “Mon enseignement était très porté sur l’architecture sociale, l’habitat et la relation entre l’espace et la qualité de vie des gens. Il faut penser un espace de vie, l’interaction avec les volumes, les perspectives et non pas un lieu à photographier. Certains architectes se focalisent sur l’esthétisme de la photographie en priorité pour une question d’égo. Mon seul critère, c’est l’humain”.
La griffe architecturale de Imaad Rahmouni continue de sublimer de nombreux lieux aux quatre coins du globe. Une maison sans fenêtres sur une île paradisiaque en Indonésie, des hôtels à Courchevel et Port Grimaud, mais aussi le tant attendu Park Hayatt font partie de ses projets en cours, sans oublier sa collaboration avec le groupe hôtelier thaïlandais Six Senses visant à réhabiliter d’anciennes kasbahs du Royaume dans un esprit éco-responsable.