Aux portes du désert existe une vallée magique et reposante qui fait rêver les touristes du monde entier. De Marrakech, il est possible de la rejoindre en quelques heures. Un périple garanti de toute beauté. 

 

 

Après avoir passé tant de journées cloîtrés, rien de plus naturel que d’avoir des bouffées d’ailleurs. Pour les apaiser, un conseil : jetez quelques habits et une crème solaire dans un sac, faites le plein et prenez le volant, direction la vallée du Drâa. Située à quelques heures de Marrakech, cette vallée désolée prend sa source à la sortie de Ouarzazate et s’étend jusqu’à la sortie de Zagora où, si le temps vous le permet, vous pourrez prolonger l’aventure jusqu’à M’Hamid, un petit village dont la proximité avec les dunes de sable en a fait aujourd’hui un pôle touristique majeur. Mais bien avant de vous enfoncer dans ces paysages de No Man’s Land, la vallée du Drâa a tout d’un cadeau du ciel, offrant, sur une centaine de kilomètres, ce que le Maroc a de plus sauvage aux amateurs de grands espaces. 

 

Une fois arrivés à Ouarzazate depuis le col du Tizi n’Tichka, la N9 poursuit sa route vers le sud, longeant d’abord le cours d’eau avant de s’enfoncer à travers des gorges arides. L’itinéraire nous conduit ensuite au sommet de montagnes aux couleurs chatoyantes et dont on dirait qu’elles ont été sculptées dans le surréalisme. Si vous avez un 4×4, une piste parallèle fera également votre bonheur, mais n’ayez aucun regret si ce n’est pas le cas : le long de l’asphalte, les paysages qui défilent, tantôt arides, tantôt exotiques, laissent tout simplement rêveur, et ce jusqu’à la plaine d’Agdz qui apparaît à 70 km de Ouarzazate. Peu attrayante au premier abord, cette localité berbère tournée autour de son artère principale méritera toutefois une petite halte, ne serait-ce que pour humer le parfum de ses jardins, admirer les tapis locaux et s’imprégner d’une vie tournant au ralenti au pied d’un djebel rappelant étrangement la forme d’un plat à tajine. 

 

En quittant Agdz, la N9 se fait moins tortueuse, plongeant peu à peu dans le royaume des villages fortifiés dont le plus célèbre reste le ksar de Tamnougalt, bâti au XVIe siècle dans le but de protéger la vallée des pillards. Si l’architecture marocaine vous fascine, prenez donc votre temps car dans la région, un chapelet de casbahs sont à découvrir, comme celles de Said Arabi, à Ouled Atman, et de Timiderte, parmi les plus célèbres, et à l’intérieur desquelles le temps semble s’être figé. Plus vivante en comparaison, Zagora se trouve alors à une poignée de kilomètres.

 

Sans être réellement attrayante, cette ville de 35.000 âmes vous charmera très certainement de par son atmosphère détendue et cosmopolite. Il est d’ailleurs bon d’y séjourner plusieurs jours, dans l’une des nombreuses maisons d’hôte disséminées après le pont de l’oued, dans la rafraîchissante et populaire oasis d’Amezrou : bordée de jardins familiaux, il y fait particulièrement bon se perdre, surtout aux heures les plus chaudes de la journée. Dans les environs, vous n’aurez que l’embarras du choix : du ksar de Tissergate à la visite du village de Tamegroute, connu pour ses céramiques et sa bibliothèque, l’une des plus vieilles du Royaume, qui réunit près de 4.000 livres de sciences coraniques écrits entre les XIe et XVIIe siècles, vous constaterez que les occasions de prolonger le séjour dans la vallée se révèlent nombreuses, d’autant qu’à 160 km de là se dressent les dunes majestueuses – mais très touristiques en pleine saison, sachez-le – de Chegaga. Finalement, le plus dur sera d’en repartir. Sauf si vous avez un peu de temps : dans ce cas, nous vous conseillons de rentrer à Marrakech en empruntant un autre itinéraire, à savoir celui passant par Foum-Zguid, Tazenakht, Tafingoult et Ouirgane. Très peu connus des voyageurs jusqu’à Taliouine, les paysages que l’on sillonne y sont pourtant époustouflants, voire carrément canyonesques dans le sens « US » du terme. Tel un explorateur, derrière son volant, l’on se sent, cheveux au vent, sur un autre continent, parfois même à l’autre bout du monde. Une expérience indéfinissable dont le seul prix est qu’il vous faudra deux fois plus de temps pour retrouver la cité ocre. Mais qu’importe, ces quelques heures de plus ne sont finalement que peu de chose à côté des semaines passées à confiner…