Marie Coste-El Omari habite Marrakech depuis 1968. Passionnée d’écologie, elle est l’auteure de « À la découverte de la flore de l’Oukaïmeden » (Éditions Sarrazine). Elle lance aujourd’hui un cri de détresse pour « sauver » les arbres de Marrakech. « Depuis une dizaine d’années, les arbres de Marrakech sont malmenés, dit-elle. Ce furent d’abord les jacarandas de l’avenue Abdelkrim el Khattabi, qui coloraient de mauve nos avenues au mois de mai. Ce furent aussi les ficus de l’avenue Hassan II, comme ceux devant l’ancienne gare de chemin de fer, qui donnaient une belle ombre et qui ont été transportés quelque part sous la colline du Guéliz, où ils ne servent à personne, et dont la moitié a crevé. Entre-temps, on a planté des milliers de palmiers washingtonia, qui ne donnent aucune ombre et qui remplacent les ficus, les citharexylons, et autres beaux arbres variés qui bordaient chaque rue du Guéliz. Un grand nombre d’entre eux ont d’ailleurs été ‘écorcés’ à la veille de la COP22, parce que cela faisait soi-disant plus propre… Sans oublier les eucalyptus arrachés en face de Marjane… » Mais le pire, selon Marie, c’est le sort réservé aux oliviers des ronds-points, aux orangers le long des avenues, taillés, retaillés, sculptés en rond pour les orangers, ou en sortes de chandeliers à plateaux pour les oliviers. « Les arbres ne sont pas des sculptures de pierre, ce sont des êtres vivants. Les oliviers sont les arbres les plus symboliques de la Méditerranée, et de la paix. Et comme les autres arbres, ils nous apportent la vie en absorbant le gaz carbonique dont Marrakech est saturé, et en rejetant la vapeur d’eau et l’oxygène dont la ville a bien besoin. Alors, les tailler comme on le fait depuis quelques années est une véritable aberration écologique. Pour une ville qui s’est targuée d’avoir accueilli la COP 22, cela devient absurde… »