PIRA ou l’art de mouvoir la sculpture

Chanceux sont ceux qui ont l’opportunité de pousser la porte de l’atelier d’un artiste. La Tribune de Marrakech s’est offert une immersion intimiste dans l’univers de l’artiste-artisan Pira ; le façonneur de bronze, qui transforme l’inerte en mouvement.

 

 

Issu d’une famille de créatifs, Pira, Pierre Pirajean de son vrai nom, a hérité de cette fibre qu’il explore dans ses différentes activités professionnelles. La sculpture, quant à elle, fut une révélation tardive qui a eu pour déclic la visite, il y a trente ans de cela, d’un atelier qui l’intriguait dans son quartier parisien. Le lendemain, Pira réalisait sa première sculpture : l’emblématique “Ours” qu’il offrit à sa fille et qui est vendu aujourd’hui à plusieurs exemplaires. L’artiste autodidacte s’installera par la suite dans sa maison flottante sur la Seine, à Neuilly où vécurent Cocteau et Jean Marais. Un jardin secret où il travaillera d’arrachepied avant de prendre quartier dans son atelier à Puteaux. Le style Pira évolue et se bonifie à travers les époques et sa marque de fabrique perdure avec ses silhouettes filiformes d’hommes et de femmes. Le bronze est sa matière de prédilection et le mouvement est son terrain de jeu. Certains courent, d’autres marchent ou dansent, les personnages de Pira offrent un arrêt sur image qui ne manque pas d’expression, sans oublier ses sculptures impressionnantes d’animaux, dont la fameuse “Girafe qui boit”.

 

Une tige en métal fixée sur un socle, telle est la page blanche de Pira, qui façonne son moule de manière intuitive avant de s’adonner aux finitions de ciselage et de patine : “Une expression, une émotion, un mouvement… tout est inspiration pour moi ! La sculpture est un véritable exutoire que je ne peux garder pour moi. Mes œuvres prennent vie dans le regard des autres, le partage est au cœur de ma démarche et c’est ce qui anime mon travail”. Brésil, Pérou, Etats-Unis, Allemagne… Les silhouettes élancées de Pira ont fait l’objet de différentes expositions à travers le monde. Pira connaît très bien le Maroc, un pays qu’il porte dans son cœur depuis plusieurs décennies. Il a ainsi choisi d’élire domicile à Marrakech, sa ville d’adoption, où il a construit sa maison et son atelier dans la commune de Sidi Abdallah Ghiat. Aujourd’hui, et après une longue pause, l’artiste reprend du service et nous dévoile une rétrospective de vingt ans de sculptures visible actuellement au Jardin Rouge.