Un salon aux allures de galerie d’art, un café noisette, des rires et des confidences, notre pause kawa avec le créateur Karim Tassi est une véritable bouffée de bonne humeur durant laquelle on ne voit pas le temps passer. Mordu de mode depuis son plus jeune âge, il est considéré aujourd’hui comme l’un des pionniers de la “beldi touch”, qu’il distille depuis plusieurs années aux quatre coins du monde. La Tribune de Marrakech vous partage cet aparté caféiné.
Natif de Casablanca, Karim Tassi y décrochera son diplôme à l’Institut International de Stylisme et de Modélisme avant de mettre le cap sur Paris en 1989. En s’installant dans la capitale de la mode, Karim Tassi a la tête dans les nuages mais il garde toutefois les pieds sur Terre et intègre l’École de la Chambre Syndicale de la Couture pour compléter sa formation. Après quelques expériences professionnelles, c’est en 1999 qu’il se lancera dans le grand bain en créant sa propre marque ; la griffe Karim Tassi est née. Le succès est au rendez-vous. C’est à l’Institut du Monde Arabe que Karim Tassi a présenté sa première collection à Paris en 1999, et dix ans plus tard, il s’est vu confier la direction artistique de l’opération «MAROCollection» aux Galeries Lafayette en 2009.
Ode au métissage
Questionner Karim Tassi sur son style, c’est tirer le fil d’une pelote : “Mes créations sont la rencontre de tout ce que je porte en moi. Je suis le fruit d’un couple mixte qui m’a bercé dans une double culture. Il y a également mon histoire propre, mon vécu entre le Maroc et Paris. Je suis au cœur de cette convergence de cultures, entre l’Orient et l’Occident. Tout ça fait que mes collections sont étroitement liées à mon bagage culturel, à mon vécu”, nous confie le créateur. Une imbrication d’influences qui fait toute la singularité de sa marque à la croisée des genres : “J’aime bien les fusions délacées des matières et des coupes. Je peux parfaitement faire un sarouel en néoprène, une djellaba dans une matière moderne ou une chemise avec un tissu beldi. J’aime jouer avec les contrastes, c’est ce qui fait ma griffe. C’est assez chic, élégant, confortable et surtout intemporel. Un vêtement, il faut qu’il raconte une histoire tout en s’inscrivant dans l’air du temps”.
Le retour de l’enfant du pays
Pour les dix ans de sa marque, Karim Tassi cédera à l’appel des racines en reposant ses valises au Maroc en 2009. Il jettera ainsi son dévolu sur Marrakech où il ouvre son premier showroom-atelier dans la zone industrielle de Sidi Ghanem, puis à Guéliz. Quelques années plus tard, le goût des voyages et des rencontres oriente le créateur vers une approche de pop-up itinérant en collaborant avec de nombreux établissements hôteliers, dont les chaînes Mövenpick, Hilton, Sofitel, Park Hayatt pour ne citer qu’eux. Dans cette optique, le créateur a installé ses portants au Sofitel Tour Blanche pour son fashion teatime hebdomadaire. L’occasion de découvrir sa nouvelle collection hivernale : “La tendance, cette année, c’est le velours marié à des couleurs très chaudes, notamment le lie de vin, le violine, le bleu de Prusse ou encore le vert bouteille. Des couleurs à la fois sombres et lumineuses qui donnent à la pièce une dimension mystique et un côté british orientalisé”, nous explique Karim. L’adepte du handmade s’est fait un nom dans le paysage de la mode avec sa touche artisanale, et compte désormais dans son carnet d’adresses des clientes prestigieuses, dont Isabelle Adjani, Sharon Stone, Beyoncé, Naomi Campbell, Sigourney Weaver ou encore Susan Sarandon.