Elle vient de terminer une exposition personnelle à l’Institut français de Rabat, et s’apprête à faire partie d’un group show à Marrakech, à la David Bloch Gallery, du 11 avril au 2 mai. Plus rien n’arrête Ghizlane Sahli, artiste plasticienne, capable d’apposer la grâce aux déchets. La Tribune l’a rencontrée, pour faire le point sur son travail ; où l’art fait éclore nouvellement la matière.
Ses alvéoles bruissent à la surface d’une matrice toute de grillage tressée ; telles un tapis de pensées poétiques, elles transcendent la matière originelle dont elles sont tirées, qui n’est autre que des fonds de bouteilles en plastique, désormais recouverts de soie. Sous l’impulsion de Ghizlane Sahli, ces déchets soudain métamorphosés reprennent vie, muant vers une condition sublimée : celle de broderies tridimensionnelles, où art et artisanat se retrouvent. De fait, la frontière entre ces deux mondes se fait poreuse dans le travail de Ghizlane Sahli : si l’artisanat est plutôt destiné à aboutir à un objet usuel, elle l’utilise quant à elle pour créer de l’art. En effet, outre l’esthétisme délicat émanant de ses installations, le propos de Ghizlane Sahli consiste à anoblir ce qui ne l’est pas : « j’aime transformer la matière ; je crée à partir de déchets. En les recyclant, j’insuffle à ces derniers une fonction renouvelée. C’est là un message de vie ; du pire, on peut tirer le meilleur. » Autre concept marquant à retenir de son travail, la notion d’énergie participative s’en dégageant : « quand je vois ces bouteilles, je pense à tous ces gens qui en ont bu l’eau, et dont l’énergie ramassée est en quelque sorte constitutive de l’œuvre. Les énergies des gens et des lieux d’où viennent les bouteilles sont ensuite rassemblées et contenues dans mes broderies, où elles sont comme réincarnées. » Parce que décidément, pour Ghizlane Sahli, tout est affaire de conversion de matière. Ou comment muer la perte de valeur en beauté…
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