Claude Challe : Le Pape de la world music

Bohème, voyageur, hédoniste, mélomane, Claude Challe est l’homme aux mille et une vies. Figure emblématique des nuits parisiennes, il transforme tout ce qu’il touche en or, puisque c’est à ce bon vivant que l’on doit la boîte de nuit iconique des années 1980 “Les Bains Douches”, le concept unique de la chaîne de restaurant-bar-lounge Buddha-Bar et des compilations musicales qui ont éveillé les chakras aux quatre coins du monde. Votre journal La Tribune de Marrakech s’est entretenu avec Claude Challe, qui nous a ouvert son jardin secret.

 

 

Né à Tunis en 1945, Claude Challe arrive à Paris à l’âge de trois ans en compagnie de ses parents. L’ennui est au rendez-vous sur les bancs de l’école, poussant Claude à se rapprocher de son oncle coiffeur à succès pour apprendre le métier. “J’avais un don inné que j’ai pu peaufiner avec mon oncle durant mon adolescence. La chance m’a souri assez tôt puisque j’ai pu ouvrir mon propre salon à seulement 18 ans, je me suis fait une clientèle très rapidement”, nous confie Claude Challe.

 

L’amour est ma religion 
Une succes story écourtée assez rapidement par les événements de mai 68. Il prendra alors la tangente pour se ressourcer auprès d’une communauté hippie en Sardaigne, qu’il ne quittera plus pendant deux ans. “Ce fut une des expériences les plus marquantes de toute mon existence. Un mode de vie et de pensée basé sur les sens, la découverte de soi, l’amour et la liberté. Je me suis imprégné de cette communauté hippie qui a forgé mon mode de vie. J’ai également vécu dans des ashrams pendant une période en Inde, là où j’ai pu découvrir pas mal de gourous inspirants, c’était une révélation pour moi. Je suis devenu hippie et je mourrai hippie !

 

Les Bains Douches : The place to be
Après quelques voyages et rencontres, Claude Challe posera à nouveau ses valises à Paris  en 1985 pour ouvrir, en binôme avec Hubert Boukobza, “Les Bains Douches”, haut lieu des nuits parisiennes. Ce club mythique jouira de l’aura de son co-propriétaire Claude, qui ne passait pas inaperçu avec son style vestimentaire atypique et sa sensibilité musicale qui l’a élevé au rang de “sound designer”. La boîte de nuit connaît alors une ascension fulgurante pour devenir l’incontournable lieu de rendez-vous des célébrités, à l’instar des habitués Mick Jagger, Robert De Niro, Prince ou encore David Bowie. Claude Challe se devait de nous raconter une petite anecdote en se remémorant cette période glorieuse : “Les Bains Douches était un passage obligé pour l’acteur américain Jack Nicholson à chacune de ses visites à Paris. La star du film Shining avait la cocasse habitude de jouer au physionomiste devant la porte pendant trente minutes à chaque fois qu’il venait. On était bien amusés quand on entendait les clients dire que le videur ressemblait beaucoup à Jack Nicholson (rires) !”

 

Buddha-Bar : Le temple musical
Quelques années plus tard, Claude Challe tournera la page des Bains Douches pour se lancer dans une nouvelle aventure : le concept BuddhaBar. «L’envie d’ouvrir un lieu hors des sentiers battus avec une âme spirituelle m’a toujours trotté dans la tête», nous confiet il. L’occasion se présente alors à lui en 1996 avec la rencontre de Raymond Visan. Un tandem audacieux qui inaugurera, à Paris, le premier restaurant bar-lounge du groupe, dans l’ancien ballroom de l’hôtel Crillon. “C’était un concept inédit ! On pouvait manger à l’étage dans une ambiance zen puis, trois heures plus tard, danser sur les tables au rezde-chaussée. C’était la folie dès les premiers soirs, les gens y ont instantanément adhéré”. Claude Challe a marqué le monde de la nuit à l’encre indélébile avec sa musique pointue qu’il nous livrera, tel un nectar, dans ses célèbres compilations Buddha-Bar. Une ode aux musiques du monde qui l’ont marqué durant ses nombreux voyages.

 

Après toutes ces années effervescentes, Claude Challe décide alors de renouer avec le continent qui l’a vu naître en s’installant en 2002 à Marrakech, où il a vécu la période de confinement : “La vie d’après ne peut en aucun cas être la même. Le fossé entre les riches et les pauvres est bien creusé, il faut y remédier en faisant moins preuve d’égoïsme. J’ai toujours prôné qu’un monde meilleur ne peut se concrétiser sans l’éducation. Je suis pour la démocratisation des cours de yoga et de méditation ; quand on est bien dans sa peau on est bien avec les autres”.