Le Musée d’art contemporain africain Al Maaden propose jusqu’à la fin de l’année une exposition passionnante « New Waves » d’oeuvres majeures de celui qui reste une figure majeure des arts postcoloniaux au Maroc.
Présentée en avant-première cet été à l’espace d’art The Mosaic Rooms de Londres, l’exposition «New Waves : Mohamed Melehi et les archives de l’École de Casa» arrive en version enrichie en terre africaine. Un retour aux sources si l’on peut dire, puisque c’est à Marrakech, où Mohamed Melehi vit aujourd’hui, que cette rétrospective est visible jusqu’à la fin de l’année. Et quoi de mieux que le cadre épuré du Macaal (Musée d’art contemporain africain Al Maaden) pour découvrir les oeuvres de cet artiste multi-facettes, à la fois peintre, muraliste, activiste et que d’aucuns considèrent comme l’un des pionniers de l’art postcolonial au Maroc ? «Sa vie artistique a été foisonnante mais ce qu’on a voulu retracer ici, au Macaal, ce sont les pérégrinations de sa vie d’artiste entre les années 1950 et 1980, à travers ses trois principales escales qu’ont été les villes de Rome, New-York et Casablanca», décrypte avec passion le commissaire de l’exposition, Morad Montazami.
Prenant la forme d’un parcours en trois grands chapitres, cette exposition réunit pas moins de 70 oeuvres, toutes accrochées aux cimaises du premier étage du musée. Des pièces phares et des archives pour la plupart issues de collections privées. Mais pas que : le grand public sera surpris d’y trouver une poignée de tableaux qui n’ont jamais été exposés, notamment ceux des années 50, période durant laquelle Mohamed Melehi, naviguant dans des expérimentations abstraites et minimalistes, était l’un des rares artistes du continent africain à voir son travail mis en avant dans des galeries d’avant-garde. À travers une scénographie soignée et signée Meriem Berrada, l’exposition permet également d’appréhender la genèse de la révolution esthétique qui fut portée au lendemain de l’indépendance par l’artiste et ses amis de l’École des beauxarts de Casablanca.
Deux salles à ne pas manquer rendent aussi hommage à ses fameuses grandes fresques ondulatoires qui l’ont rendu célèbre et que le commissaire a eu la bonne idée de juxtaposer avec des photos en grand format témoignant du respect que l’artiste a toujours éprouvé pour la créativité dite populaire, autrement dit celle «de l’épicier du coin de la rue». Passionnante, la visite se conclut par un ultime dialogue entre les motifs de vagues peints par Mohamed Melehi et une série d’objets artisanaux afro-berbères issus des collections du Musée Tiskiwin-Bert Flint de Marrakech. Une réunion étonnante diront certains, mais qui résume assez bien l’ambition du Macaal depuis sa création, à savoir montrer le continent africain dans toute sa diversité culturelle.
Al Maaden, Sidi Youssef Ben Ali Marrakech info@macaal.org
Tel : 06 76 92 44 92
Par : Jérémy Beaubet