Après Edward aux mains d’argent, place à Nicolas aux mains d’or…
Il a signé la Une de ce numéro spécial Yves Saint-Laurent. Nicolas Ouchenir, le calligraphe star, nous a fait l’honneur d’un featuring inédit, en marge de son exposition personnelle à la Mamounia. Également présent à Marrakech pour l’inauguration du musée Yves Saint Laurent, il a designé les invitations (et les enveloppes !) des happy few conviés à l’événement. Portrait – entre les lignes– d’un phénomène de la lettre et de ses courbes.
Nicolas Ouchenir a commis l’impossible : faire que la mode épouse la calligraphie. Un quasi miracle, qui a pu unir deux mondes a priori pas symbiotiques, et renforcer l’idée que de la mode à l’art, il n’y a qu’un pas.
Un pas allègrement franchi par cet artiste calligraphe, que toute la mode s’arrache, Fashion Weeks en tête. Aujourd’hui connu pour sa capacité à faire fleurir, sur une invitation neutre, une calligraphie sur-mesure, sublimatrice de l’événement qu’elle annonce, Nicolas Ouchenir est avant tout pétri par la lettre, son délié, son déroulé, son plein, ses vides et ses courbes. La lettre, qu’il met au service de ses invitations-événements. Ciselés à la main, les précieux sésames qu’il personnifie chaque fois sont tout autant de cartons collector, qui présentent le luxe absolu d’une écriture manuelle. Scripto manent, dit justement l’adage. Dans une époque désormais dominée par l’ordinateur et autres tablettes, le visionnaire du passé qu’est Ouchenir fait figure de révélation. Retour en grâce de l’écriture, hommage à la patience que le tracé des lettres requiert, à l’attention portée à l’autre dans cet effort supplémentaire de l’écrit main, temps passé dans le seul but de faire plaisir : tout autant de vertus passées de mode, qu’il remet au goût du jour. Sous les volutes arquées de ses lettres-courbes, Nicolas Ouchenir donne vie à la lettre, selon l’histoire qu’elle sert.
Le désormais chouchou du monde de la haute couture, pour qui il signe d’incessantes collaborations, squatte les pages des plus beaux magazines (Vogue, Vanity Fair, L’Officiel, Wallpaper…), multiplie les contrats avec des maisons prestigieuses, devient directeur artistique de l’identité visuelle de l’une ou de l’autre. Dans son portefeuille de clients, on trouve Saint Laurent, d’abord, avec qui il a commencé ; mais aussi Prada, Miu Miu, Chanel, Dior, Hermès, Gucci, Chloé, Vuitton… Les grandes marques de la beauté ne sont pas en reste, qui lui font confiance ; comme Darphin, entre autres. Il a aussi fait des signatures pour les plus grands musées (le Guggenheim, le Centre Pompidou…), ainsi que pour des hôtels de luxe, des marques de grande distribution (Promod), pour l’industrie de l’automobile, le Moulin Rouge, des mariages, des maisons de décoration… Dernièrement, il vient d’être nommé responsable de l’identité visuelle globale d’Arthus Bertrand. Une consécration.
À Marrakech, un autre événement le retient en ce début d’octobre : son solo show, « Imaginaire d’un Éden Calligraphies », accueilli en grande pompe à la Mamounia. « Il s’agit là de ma première exposition en Afrique du Nord. Ici, la calligraphie est un art très respecté et valorisé, ce qui rend ce solo show si spécial pour moi. Et puis, exposer à la Mamounia, qui est le plus beau palace d’Afrique, c’est un honneur. » Au programme, une cinquantaine de dessins seront exposés, ainsi que quelques sculptures en plexi calligraphiées. À découvrir d’urgence. Du 6 octobre jusqu’au 12 novembre, au Salon de Thé de la Mamounia.
La petite phrase de Nicolas Ouchenir : « Mes pièces appartiennent à un imaginaire extrêmement épistolaire. En cela, c’est de la calligraphie. »