«Classique ou moderne, il n’y a qu’une seule cuisine… la bonne», disait le pape de la cuisine française, Paul Bocuse. Une conception de la gastronomie que l’on retrouve dans les assiettes de Moha Fedal, le premier chef à oser bousculer les codes de la cuisine marocaine, sans pour autant la travestir. La Tribune de Marrakech s’est entretenue avec cet alchimiste du terroir à la bonne humeur contagieuse, intronisé récemment disciple Escoffier.
Rien ne semblait prédestiner Moha Fedal à une carrière de chef, lui qui se rêvait hôtelier. C’est lors de son cursus à l’école hôtelière de Genève que l’un de ses professeurs l’a aiguillé vers le chemin des fourneaux en pointant du doigt son don en cuisine. Il empruntera ainsi cette voie et fera ses premières armes à l’hôtel Château d’Ouchay (Lausanne) et au sein de l’hôtel Richemont (Genève). En 1998, Moha cédera à l’appel de la terre natale en regagnant Marrakech, animé par l’envie de magnifier l’héritage culinaire national, en le modernisant sans le dénaturer. Passion, audace et générosité, trois ingrédients que le chef à la renommée internationale a réunis pour nous offrir le restaurant Dar Moha et pour lequel il a choisi comme cadre l’ancien riad du grand couturier français Pierre Balmain.
Revisiter n’est pas un sacrilège
Un fief culinaire qui marquera un tournant dans l’histoire de la cuisine marocaine : “À cette époque, c’était blasphématoire de vouloir repenser cette gastronomie ancestrale. Cuisiner demeure un moment de partage et d’improvisation, dont la finalité est d’unir les palais autour d’une nourriture saine, métissée et généreuse”, nous confie le chef. Le deuxième bébé de Moha Fedal n’est autre que Le Bled, une ferme d’hôtes créée en 2001 et à travers laquelle il aspirait à ramener la campagne en ville ; pari réussi ! La simplicité et la nature y sont reines, notamment à travers une cuisine sans chichis faisant la part belle aux produits de saison, issus du potager du domaine.
Porte-drapeau de la cuisine du Royaume
Moha est l’un des chefs marocains les plus en vogue, celui qui prend sa mission d’ambassadeur de la gastronomie marocaine à cœur en la faisant briller à l’international. Paris, Genève, Santiago, Bangkok, Berlin, Londres, Madrid, Cordoue… Le chef aux mille et un chapeaux a sillonné les villes du monde pour y distiller les effluves épicées de notre terroir à travers des conférences, cours de cuisine et ses show cooking très prisés. Chef Moha a offert à la cuisine du Royaume une des meilleures vitrines en séduisant les papilles de nombreuses personnalités, dont de nombreux hommes politiques, des reines et des rois ainsi que des célébrités, à l’instar d’Oliver Stone, Stevie Wonder, John Malkovich, Francis Ford Coppola, Kenny Rogers ou encore la Diva Yousra et Housein Fahmi pour ne citer qu’eux.
Moha, the showman
Tout aussi à l’aise derrière les fourneaux que devant les caméras, Chef Moha est devenu une figure médiatique au Maroc en prenant part à divers programmes culinaires. Avec l’émission «Maghreb al Adwak», il met en lumière diverses régions du Maroc en nous faisant découvrir une recette traditionnelle préparée en binôme chez l’habitant. Depuis 2016, Moha fait partie du jury emblématique du télé-crochet culinaire MasterChef diffusé sur MBC et sur la chaîne 2M en prime time. Le Marrakchi multi-casquettes est également animateur, depuis huit ans, d’une émission de cuisine diffusée quotidiennement sur la chaîne marocaine Medi 1. On n’arrête plus Chef Moha quand il s’agit de promouvoir la gastronomie de son pays, puisqu’il compte également à son compteur huit livres mettant en lumière cet héritage ancestral. Son prochain défi ? Hisser la gastronomie marocaine au rang de Patrimoine Culturel de l’Humanité.